Un peu de lecture #12: Emmaüs d’Alessandro Baricco

Après tant de temps d’absence par ici (soyez gentils, ne m’en tenez pas rigueur, le temps a ses raisons que la logique ignore !!) me revoilà, pour vous parlez, non pas de cinéma, car, si je n’ai pas le temps d’écrire, de dormir, de respirer (cocher la mention utile !) je n’ai donc pas le temps d’aller m’y traîner, mais de lecture; car, désespérée par mon niveau culturel plus que faiblard, eu égard à tout ce manque de temps, je me suis dit qu’il fallait utiliser sciemment et consciencieusement chaque seconde disponible à lire ! ça tombe bien, avec deux heures de transports journaliers en moyenne, j’ai de quoi faire !

Résultat, si cette dernière année j’avais réussie a m’en tenir à un ou deux livres par mois, j’ai à peu près réussi à en dévorer un par semaine ces derniers mois !! Et c’est divin !!

Passé cette (beaucoup trop) longue introduction - et à propos du divin - (cette transition est d’un niveau tellement bas que j’ai hésité à m’abstenir, mais bon...!) je reviens par ici pour vous parlez d’Alessandro Baricco et de son dernier livre Emmaüs. (en fait j’ai un doute quant à savoir si c’est le dernier, mais je crois bien que c’est le dernier qui ait été traduit en France... écrit en 2012).

Le lien entre le divin et Emmaüs n’est peut-être pas évident pour tout le monde, mais ce lien est en fait du à l’évangile de Luc. Car c’est sur la route d’Emmaüs (proche de Jérusalem), nous raconte cet évangile, que, le matin de Pâques, deux disciples désespérés par la mort du Christ, le rencontrent et le reconnaissent dans un élan de joie, de foi et d’espoir: c’est l’épisode du renouvellement de la foi, la rencontre du Christ ressuscité.

Comme postulat de départ pour ouvrir son roman, c’était assez ambitieux de la part d’Alessandro Baricco je crois !

Le fait est, qu’au fil des pages, on comprend à quel point ce titre est judicieux, à bien des égards.

Il est ici évidemment question de religion, de foi et de désespoir. Il est question de perte de foi, de soi, des autres, de renouvellement et aussi de rencontre (avec soi, les autres et Dieu, d’une certaine manière).

Alessandro Baricco nous livre ici, de l’avis des connaisseurs, un roman assez personnel où il est avant tout question de sa propre jeunesse. Une jeunesse catholique italienne entravée de principes, d'orgueils, d’amours et de fascination.

Dans ce roman écrit à la première personne, le narrateur de 17 ans nous fait état de son amitié avec 3 autres garçons de son âge, Luca, Bobby et le Saint avec qui il joue dans un groupe de musique afin d’animer les offices religieux. Ils ont leur petite réputation musicale et humaine: ils sont bons. Bénévoles dans les hospices de personnes âgées, croyants, pratiquants, étudiants sérieux, fils prodigues, futur prêtre pour l’un deux. Mais ils ont en commun bien plus que cela. Ils ont Andre. Leur stricte opposé. Une fille. Athée. Sans principes ni moralité, qui use et abuse de ses charmes inconscients et réprouve la morale d’actes volontaires et provocants. Elle est la tentation. L’image divine de ce qu’il ne faut pas approcher, mais qui les fascine, les envoûte.

Ils sont amoureux, tous les quatre, de cette Andréa qui va contribuer à bouleverser leurs vies...

De rencontres en soirées, de tentations en abus, Alessandro Baricco dresse ici le portrait d’une jeunesse désabusée. Mais il le fait avec ce supplément de solennité qui auréole son récit de cette douce lumière dorée... loin d’être oppressant, le roman s'étoffe tout de même de ce sentiment dérangeant que la vie est aussi ça: la violence, le désespoir, le vide, l’amour, l’absurde sensation de ne rien contrôler face à l’absolue nécessité de vivre quand même, malgré l’éducation, la morale et les principes, malgré tout, surtout quand on est jeune.

C’est certainement, avant tout, un roman qui nous parle du passage à l’âge adulte, de cette transition entre l’adolescence et la prise de conscience de l’après: la vie, la mort, l’amour. Avec en toile de fond cette foi, dont on ne sait plus si elle est une bénédiction ou un abîme sans fond...

Un roman incroyablement envoûtant donc, à l’image de son «héroïne» dont on ne sait plus si c’est Andre ou la Foi.

Un roman idéal en tout cas pour découvrir cet auteur passionnant qu’est Alessandro Baricco !

Belle lecture :-)