Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
- > > Curieux papotages (Bavardages Musico-Cinématographiques & Cie) < < -
8 février 2014

Un peu de lecture #11: Marie-Antoinette de Stefan Zweig

IMG_1405

«Vilipendée par les uns, sanctifiée par les autres, l’«Autrichienne» Marie-Antoinette est la reine la plus méconnue de l’histoire de France. Il fallut attendre Stefan Zweig, en 1933, pour que la passion cède à la vérité.» (...)

 

Voilà comment débute la 4e de couverture de cette biographie.

De vérité sur Marie-Antoinette, Stephan Zweig nous en livre en effet pas mal, dans la mesure où pour écrire ce texte, il n’a accepté de prendre en considération que deux sources: 

Les archives de l’Empire autrichien, à savoir la correspondance de Marie-Antoinette avec la cour de Vienne, donc d’une part sa mère l’Impératrice Marie-Thérèse, et d’autre part son frère (devenu Empereur), puis son neveu;

et la correspondance que Marie-Antoinette a entretenu avec le comte Axel de Fersen, à laquelle il est le premier à avoir eu accès.

Pourquoi Zweig a-t-il choisi de s’en tenir exclusivement là ?

Il en donne la clé à la fin de son ouvrage en disant «Il est d’usage, à la fin d’un livre d’histoire, d’énumérer les sources auxquelles on a puisé: (...) il me semble presque plus important d’indiquer celles auxquelles on n’a pas eu recours et pourquoi (...). Car les documents habituellement les plus sûrs, les lettres autographes, s’avèrent ici douteux.»

En effet, il l’explique ensuite, d’une part Marie-Antoinette écrivait peu (sauf pour indiquer des paiements à effectuer ou dans le cas des correspondances suivies avec sa famille et Fersen) et d’autre part, elle ne signait pas ou peu ses correspondances. La signature était donc dans son cas absolument pas gage d’authenticité.

Entre 1840 et 1860, comme le fait remarquer Zweig, de nombreux faux ont circulé, brillamment exécutés, mettant à jour notamment une hypothétique correspondance avec son amie la comtesse de Polignac. On sait que ces faux sont en réalité l’oeuvre du baron Feuillet de Conches.

Il y avait aussi toutes les sources annexes, celles de la Révolution, les nombreux témoignages, mémoires de tous les acteurs de ce morceau d’Histoire, mais, pour la plupart, ils étaient contradictoires et souvent parfaitement imaginaires.

Il ne restait donc à Zweig que peu de choses.

Mais il lui restait l’inestimable correspondance entre la Reine et le comte de Fersen, duquel il ne fait plus secret aujourd’hui qu’elle était éprise et que ce sentiment était réciproque, mis à jour par quelques descendants qui avaient accepté, après maintes tentatives de le nier, qu’en effet, il y avait bien eu une relation suivie, intime, entre ces deux personnes.

Pour autant, ce dont a disposé Zweig a été protégé. Tous les passages révélant le caractère intime de cette relation ont été effacé avec soin par les descendants de Fersen, afin d’en protéger le secret. Même si certains ont pu être remis à jour, la plupart resteront secrets.

Quoiqu’il en soit, Zweig a tenté malgré tout de les utiliser au mieux afin de retracer la vie si particulière de cette Reine que la Révolution avait tenté de faire oublier.

Pour tout ce qu’il ignorait Stefan Zweig a pu compter sur son instinct, son esprit de déduction et une analyse psychologique fine de l’être humain.

Pour les zones d’ombres qui demeuraient, il disposait d’un talent narratif sans failles et sans limites.

 

C’est ce qui fait la force de cette biographie qui est parfaitement écrite. C’est ce style tellement fluide qu’il en est presque actuel, et ce récit passionnant, digne d’un roman, qui permettent d’engloutir 30 ans d’Histoire (et un des épisodes les plus marquants) avec une facilité déconcertante !

J’ai vraiment adoré cette lecture par sa facilité. Car ce n’est pas donné à tout le monde de pouvoir captiver avec autant d’années d’Histoire à faire passer !!

 

Evidemment, Zweig n’est pas parfaitement objectif, mais, n’en déplaisent aux puristes, ce n’est pas très grave ! Car, si bien sûr, ce n’est pas innocemment qu’il défend en tant qu’autrichien cette Reine de France avant tout autrichienne, il a le mérite de nous proposer un texte réellement plaisant et parfaitement documenté. 

Après, selon moi, deux points de vue doivent s’affronter (trois en réalité, mais nous allons faire fi de ceux qui n’aimeront pas cette biographie !):

  • d’une part, ceux qui ont tout à découvrir de cette Reine, et qui, par cette lecture accessible peuvent se faire une idée non négligeable
  • et d’autre part, ceux, qui curieux et déjà bien au fait de cette période historique auront tout loisir de confronter les points de vues, et qui, sans ce contenter ni de crier au génie, ni de s’offusquer de l’«amitié» évidente de l’auteur pour Marie-Antoinette, sauront faire la part des choses en admettant que l’on a ici un avis intéressant sur une facette de la personnalité de cette Reine. Une facette humaine, à travers laquelle on découvre une femme avant de voir une souveraine. La question n’est ici pas de juger si elle l’a été ou non efficacement, Reine, mais d’envisager comment elle l’a vécue en tant que femme.

Alors oui, oh que voilà une ouvrage subjectif ! Comme si le fait d’être une femme, être sensible et délicat s’il en est, pouvait faire oublier qu’au-delà il y a quand même eu une Révolution !

Non, ce n’est pas l’intérêt de ce livre que de gommer l’Histoire. Au contraire. Même si pour retranscrire ce morceau d’Histoire, Zweig prend, il est clair, le parti de cette Reine, en laissant de côté, il est vrai, le rôle de Louis XVI, avec lequel, force est de le constater, il n’est pas tendre... (on a depuis admis que ce Roi, ici parfois bien mal décrit, n’avait été si incroyablement passif, mais une fois encore, tout est question de point de vue.)

Pour autant, ce livre demeure extrêmement bien écrit dans la mesure où il est passionnant. Et, pour avoir lu quantité de biographies soporifiques et assommantes, (on ne dirait pas comme ça, mais il fut un temps où j’ai étudié l’Histoire à l’université tout de même...!!) je dois dire que ce livre m’a plu avant tout pour ça, ce côté délicat et un peu envolé, tellement agréable.

Car, une fois encore, tout est question de point de vue, mais selon l’angle sous lequel on l’aborde, l’Histoire peut être tout à fait passionnante (et pas tant assommante qu’on veut bien le croire !) !

Alors rien que pour ça, pour avoir su passionner bon nombre de lecteurs avec 30 ans d’Histoire et la vie d’une Reine de France, j’ai vraiment envie de louer cet incroyable auteur qu’à été Stefan Zweig.

Son talent d’écrivain est indéniable, son écriture réellement remarquable !

 

Il me reste encore beaucoup à lire de cet auteur, qui, d’une certaine manière me fascine assez... mais je crois que séduite par cette facilité à narrer l’Histoire, je vais m’atteler à lire la biographie de Marie Stuart assez rapidement...!

 

 

En espérant ne pas vous avoir trop assommé avec cet article un peu fleuve (je suis navrée...!), je vous souhaite à tous et toutes une très belle journée !! :-) 

Publicité
Publicité
Commentaires
C
Ah, je serai ravie de réussir à te convaincre de lire cet ouvrage qui est vraiment une merveille !! ;-) Quitte à lire des biographies, autant lire Zweig, car il possède ce talent indéniable de narration qui le rend passionnant... et Dieu sait si l'Histoire a besoin de passion !! ;-) Belle soirée également :-)
B
ah pour ma copine cette biographie est la meilleure qui n'a jamais été écrite... je pense qu'elle trone dans une de mes bibliotheques mais n'étant pas fou des personnages historiques j'ai jamais été curieux de la découvrir...ton billet très riche donne envie de revoir ma position!! :o) bonne soirée et bon we à toi!!
Brèves curiosités
  • " (...) Seul un impuissant de l'esprit peut croire que le conte soit réservé à l'enfance, que la féérie soit une fuite de la réalité matérielle."
  • (Jim Léon)
Publicité
SUIVEZ-MOI !
  • curieuxpapotages@gmail.com
Newsletter
Suivez-moi aussi sur Instagram...
Archives
Publicité